J’embrasse pas. Dir. André Téchiné (1991)

Gaëlle GINESTET

Citation(s)/Référence(s)

Référence n°1

Localisation dans le film : 0.32 – 0.34

Langue de la citation/référence dans le film : français

PROFESSEUR : Si vous allez à la facilité vous n’êtes pas sorti de l’auberge. Bon, vous allez me travailler le monologue d’Hamlet. Ça vous dit quelque chose ? Être ou ne pas être ?

[...]

PIERRE : Est-il plus noble pour une âme de souffrir les flèches et les coups d'une indigne fortune, ou de prendre les armes contre une mer de troubles et de leur faire front, et d’y mettre fin ? Mourir, dormir, dormir, rien de plus ; terminer, par du sommeil, la souffrance du cœur et…

      *  *  *

Traduction française du texte shakespearien d'origine

HAMLET : Est-il plus noble pour l’esprit de souffrir
Les coups et les flèches d’une injurieuse fortune,
Ou de prendre les armes contre une mer de tourments,
Et, en les affrontant, y mettre fin ? Mourir, dormir,
Rien de plus, et par un sommeil dire : nous mettons fin
Aux souffrances du cœur et aux milles chocs naturels
Dont hérite la chair ; c’est une dissolution
Ardemment désirable.

(Hamlet III.1.58-64, traduction de Jean-Michel Déprats dans l'édition Gallimard Bibliothèque de la Pléaide, 2002)

 

Référence n°2

Localisation dans le film : 0.40

Langue de la citation/référence dans le film : français

PIERRE : Non non. Dis donc, tu sais c’que ça veut dire, toi, « les mille secousses naturelles qui sont l’héritage de la chair » ?

       *  *  *

Traduction française du texte shakespearien d'origine

HAMLET : Mourir, dormir,
Rien de plus, et par un sommeil dire : nous mettons fin
Aux souffrances du cœur et aux milles chocs naturels
Dont hérite la chair ; c’est une dissolution
Ardemment désirable.

(Hamlet III.1.64-65, traduction de Jean-Michel Déprats dans l'édition Gallimard Bibliothèque de la Pléaide, 2002)

 

Référence n°3

Localisation dans le film : 0.41

Langue de la citation/référence dans le film : français

PIERRE : Quand nous aurons réduit à rien le tumulte de vie…  C’est ce qui, c’-c’est ce qui, c’est ce qui nous réfrène – c’est la, c’est la, c’est la pensée qui fait que…

       *  *  *

Traduction française du texte shakespearien d'origine

HAMLET : Car dans ce sommeil de la mort les rêves qui peuvent surgir,
Une fois dépouillée cette enveloppe mortelle,
Arrêtent notre élan.

(Hamlet III.1.69-70, traduction de Jean-Michel Déprats dans l'édition Gallimard Bibliothèque de la Pléaide, 2002)

 

Référence n°4

Localisation dans le film : 0.43 – 0.46

Langue de la citation/référence dans le film : français

PIERRE : "L'angoisse dans l'amour bafoué, la loi qui tarde et la morgue des gens en place, et les vexations que le mérite doit souffrir des êtres vils, alors qu'il peut se donner son quitus d’un simple coup de poignard ? Qui voudrait ces fardeaux, et gémir et suer à longueur de vie, si la terreur de quelque chose après la mort, ce pays inconnu dont nul voyageur n'a repassé la frontière, ne troublait notre dessein. Voici l’énigme qui nous fait supporter les maux présents plutôt que voler vers d’autres que nous ne connaissons pas, et c’est ainsi que…"

[...]

PIERRE : Je sais plus. Mon texte. Pourtant je le savais encore cette nuit.

[...]

UN JEUNE HOMME : C’est ainsi que la conscience fait de nous des lâches, c’est ainsi que la verdeur première de nos résolutions s’étiole à l’ombre pâle de la pensée.

PROFESSEUR : Bon. Et vous, Lacaze, comment est-ce que vous définiriez Hamlet ?

PIERRE : Je sais pas.

PROFESSEUR : Et vous, les malins ?

UNE JEUNE FILLE : Pour moi c’est un simulateur. C’est la mélancolie qui le rend comme ça. C’est un grand mélancolique, comme Kierkegaard, Dostoïevski…

PROFESSEUR : Bon, d’accord, d’accord. Qu’est-ce que vous en pensez, Lacaze ?

PIERRE : J’y comprends rien. Et j’ai mal au ventre.

       *  *  *

Traduction française du texte shakespearien d'origine

HAMLET : Car qui voudrait supporter les fouets et la morgue du temps,
Les outrages de l’oppresseur, la superbe de l’orgueilleux,
Les affres de l’amour dédaigné, la lenteur de la loi,
L’insolence du pouvoir, et les humiliations
Que le patient mérite endure des médiocres,
Quand il pourrait lui-même s’en rendre quitte
D’un coup de dague ? Qui voudrait porter ces fardeaux,
Pour grogner et suer sous une vie harassante,
Si la terreur de quelque chose après la mort,
Contrée inexplorée dont, la borne franchie,
Nul voyageur ne revient, ne déroutait la volonté
Et ne nous faisait supporter les maux que nous avons
Plutôt que fuir vers d’autres dont nous ne savons rien ?
Ainsi la conscience fait de nous tous des lâches,
Et ainsi la couleur première de la résolution
S’étiole au pale éclat de la pensée…

(Hamlet III.1.74-87, traduction de Jean-Michel Déprats dans l'édition Gallimard Bibliothèque de la Pléaide, 2002)

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