Une femme douce. Dir. Robert Bresson (1969)

Gaëlle GINESTET

English Description

Reference 1

Time code : 0.27

Language of the quotation(s)/reference(s): French

THE HUSBAND: Je l’avais attendue toute la journée. Nous devions aller voir Hamlet. On m’avait donné les billets.

 

Reference 2

Time code: 0.29 – 0.34

Language of the quotation(s)/reference(s): French

The married couple attends a performance of Hamlet.

LAERTES: Touché!

HAMLET: Non! Arbitre?

OSRIC: Une touche! Une touche très évidente!

LAERTES: Bien! Reprenons.

KING: Arrêtez. Hamlet, cette perle est pour toi; à ta santé. Passez-lui la coupe.

HAMLET: Après cette reprise. Posez-la. Allons!

(The fight resumes)

HAMLET: Touché de nouveau! Qu’en dites-vous?

LAERTES: Une touche, j’en conviens.

KING: Notre fils va gagner.

QUEEN: Il est en nage et hors d’haleine... Tiens, Hamlet, voici mon mouchoir, éponge ton front. La Reine trinque à ton triomphe, Hamlet.

HAMLET: Grand merci, madame!

KING: Gertrude, ne buvez pas!

QUEEN: Mais je veux boire, monseigneur ; excusez-moi, je vous prie.

KING: C’est la coupe au poison! Il est trop tard.

QUEEN: Viens que j’essuie ton visage.

HAMLET: Je n’ose boire encore; tout à l’heure.

OSRIC: Coup nul. Rien de part et d’autre.

KING: Séparez-les; ils sont hors d’eux.

OSRIC: Secourez la Reine! Oh, vite!

HORATIO: Du sang des deux côtés. Comment êtes-vous, monseigneur?

OSRIC: Comment êtes-vous, Laërte?

LAERTES: Comme un coq de bruyère pris à mon propre collet, Osric! Victime de ma propre traîtrise.

HAMLET: La Reine?

KING: Elle s’est évanouie en voyant le sang.

QUEEN: Non! Non! Le vin! Le vin! Oh! Mon cher Hamlet! Je suis empoisonnée.

(She dies)

HAMLET: Infamie! Qu’on ferme les portes! Trahison: qu’on démasque le traître!

LAERTES: Il est ici, c’est moi. Hamlet, tu es perdu; tu tiens en main l’épée félonne, démouchetée, empoisonnée; la ruse affreuse s’est retournée contre moi. Me voilà à terre pour toujours; ta mère est empoisonnée... Je n’en puis plus... le Roi... c’est le Roi le coupable.

HAMLET: Envenimée aussi la pointe! Venin, fais ton œuvre!

(He stabs the King)

OSRIC and LORDS: Trahison! Trahison!

KING: Mes amis! Oh! Défendez-moi, je ne suis que blessé!

HAMLET: Tiens, maudit Danois, incestueux, assassin! Bois! Achève la drogue! Avec la perle! Rejoins ma mère.

(The King dies)

LAERTES: Il a ce qu’il mérite: le poison, lui-même l’avait préparé. Échangeons nos pardons, noble Hamlet. Que ma mort ni celle de mon père ne retombent sur toi, ni sur moi la tienne!

(He dies)

HAMLET: Horatio, je meurs. Toi tu vis. Porte-toi garant de moi et de ma juste cause devant ceux qui douteront.

HORATIO: N’y comptez pas. Je suis moins un Danois qu’un Romain de l’antique Rome. Il reste encore du vin dans cette coupe.

HAMLET: Si tu es un homme donne-la moi. Lâche... par le ciel, je l’aurai! (He throws the cup away) Je meurs, Horatio. Quel nom flétri, si les choses restent mal éclairées, je vais laisser derrière moi! Si tu m’as jamais porté dans ton cœur, diffère les joies du ciel, réserve ton souffle à ce monde affreux, afin de raconter mon histoire. Je meurs, Horatio. Le poison violent s’empare de mon esprit, mais je prophétise l’élection de Fortinbras. Ma voix défaillante est pour lui; fais le-lui savoir, et aussi ce que les événements, grands ou petits, ont exigé de moi. Le reste est silence.

(He dies)

HORATIO: Ainsi se brise un noble cœur. Bonne nuit, gentil prince! Que la cohorte des anges en chantant te conduise vers ton repos! Mais pourquoi ces roulements de tambour?

(On returning home after the performance, the pawnbroker’s wife takes André Gide’s translation of Hamlet in the bookcase and looks up a particular passage.)

THE WOMAN: J’en étais sûre. Pour pouvoir crier pendant toute la pièce, ils ont supprimé le passage. Hamlet aux comédiens. C’est le conseil aux comédiens. “Dites vos répliques du bout des lèvres, comme je les ai prononcées moi-même. Si vous les hurlez comme beaucoup de nos acteurs font, j’aimerais mieux donner mon texte au crieur public. Ne sciez pas l’air de votre main, car dans le torrent, la tempête, l’ouragan de la passion, il faut toujours user de mesure, et acquérir même une certaine douceur.” Etc., etc.

 


Description en français

Référence n°1

Localisation dans le film : 0.27

Langue de la citation/référence dans le film : français

LE CONJOINT : Je l’avais attendue toute la journée. Nous devions aller voir Hamlet. On m’avait donné les billets.

 

Référence n°2

Localisation dans le film : 0.29 – 0.34

Langue de la citation/référence dans le film : français

The married couple attends a performance of Hamlet.

LAËRTE : Touché !

HAMLET : Non ! Arbitre ?

OSRIC : Une touche ! Une touche très évidente !

LAËRTE : Bien ! Reprenons.

LE ROI : Arrêtez. Hamlet, cette perle est pour toi; à ta santé. Passez-lui la coupe.

HAMLET : Après cette reprise. Posez-la. Allons !

(The fight resumes)

HAMLET: Touché de nouveau ! Qu’en dites-vous ?

LAËRTE : Une touche, j’en conviens.

LE ROI : Notre fils va gagner.

LA REINE : Il est en nage et hors d’haleine... Tiens, Hamlet, voici mon mouchoir, éponge ton front. La Reine trinque à ton triomphe, Hamlet.

HAMLET : Grand merci, madame !

LE ROI : Gertrude, ne buvez pas !

LA REINE : Mais je veux boire, monseigneur ; excusez-moi, je vous prie.

LE ROI : C’est la coupe au poison ! Il est trop tard.

LA REINE : Viens que j’essuie ton visage.

HAMLET : Je n’ose boire encore ; tout à l’heure.

OSRIC : Coup nul. Rien de part et d’autre.

LE ROI : Séparez-les ; ils sont hors d’eux.

OSRIC : Secourez la Reine ! Oh, vite !

HORATIO : Du sang des deux côtés. Comment êtes-vous, monseigneur ?

OSRIC : Comment êtes-vous, Laërte ?

LAËRTE : Comme un coq de bruyère pris à mon propre collet, Osric ! Victime de ma propre traîtrise.

HAMLET : La Reine ?

LE ROI : Elle s’est évanouie en voyant le sang.

LA REINE : Non ! Non ! Le vin ! Le vin ! Oh ! Mon cher Hamlet ! Je suis empoisonnée.

(She dies)

HAMLET : Infamie ! Qu’on ferme les portes ! Trahison : qu’on démasque le traître !

LAËRTE : Il est ici, c’est moi. Hamlet, tu es perdu ; tu tiens en main l’épée félonne, démouchetée, empoisonnée ; la ruse affreuse s’est retournée contre moi. Me voilà à terre pour toujours ; ta mère est empoisonnée... Je n’en puis plus... le Roi... c’est le Roi le coupable.

HAMLET : Envenimée aussi la pointe ! Venin, fais ton œuvre !

(He stabs the King)

OSRIC et SEIGNEURS : Trahison ! Trahison !

LE ROI : Mes amis ! Oh ! Défendez-moi, je ne suis que blessé !

HAMLET : Tiens, maudit Danois, incestueux, assassin ! Bois ! Achève la drogue ! Avec la perle ! Rejoins ma mère.

(The King dies)

LAËRTE : Il a ce qu’il mérite : le poison, lui-même l’avait préparé. Échangeons nos pardons, noble Hamlet. Que ma mort ni celle de mon père ne retombent sur toi, ni sur moi la tienne !

(He dies)

HAMLET : Horatio, je meurs. Toi tu vis. Porte-toi garant de moi et de ma juste cause devant ceux qui douteront.

HORATIO : N’y comptez pas. Je suis moins un Danois qu’un Romain de l’antique Rome. Il reste encore du vin dans cette coupe.

HAMLET : Si tu es un homme donne-la moi. Lâche... par le ciel, je l’aurai ! (He throws the cup away) Je meurs, Horatio. Quel nom flétri, si les choses restent mal éclairées, je vais laisser derrière moi ! Si tu m’as jamais porté dans ton cœur, diffère les joies du ciel, réserve ton souffle à ce monde affreux, afin de raconter mon histoire. Je meurs, Horatio. Le poison violent s’empare de mon esprit, mais je prophétise l’élection de Fortinbras. Ma voix défaillante est pour lui ; fais le-lui savoir, et aussi ce que les événements, grands ou petits, ont exigé de moi. Le reste est silence.

(He dies)

HORATIO : Ainsi se brise un noble cœur. Bonne nuit, gentil prince ! Que la cohorte des anges en chantant te conduise vers ton repos ! Mais pourquoi ces roulements de tambour ?

(On returning home after the performance, the pawnbroker’s wife takes André Gide’s translation of Hamlet in the bookcase and looks up a particular passage)

LA FEMME : J’en étais sûre. Pour pouvoir crier pendant toute la pièce, ils ont supprimé le passage. Hamlet aux comédiens. C’est le conseil aux comédiens. « Dites vos répliques du bout des lèvres, comme je les ai prononcées moi-même. Si vous les hurlez comme beaucoup de nos acteurs font, j’aimerais mieux donner mon texte au crieur public. Ne sciez pas l’air de votre main, car dans le torrent, la tempête, l’ouragan de la passion, il faut toujours user de mesure, et acquérir même une certaine douceur. » Etc., etc.

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