C’est le bouquet !. Dir. Jeanne Labrune (2002)

Nathalie CROUAU

English Description

Time code: 0.59.11 – 01.02.30

Language of the quotation(s)/reference(s) in the film: French

The playwright Robert Fesnel is at the theatre where he and the director are going to audition actors for the part of “the man who doesn’t act” in his latest play. All the auditionees are told to pick a piece of paper out of a basket, walk onto the stage, say the line that is written on that paper to the director and playwright, then walk away. The first auditionee picks a paper, looks at what is written, and then walks onto the stage.

FIRST ACTOR: To be or not to be, that…

THE DIRECTOR: No, that question isn’t at all the order of the day, my dear. The question now is to have or not to have. Get out!

ROBERT FESNEL: Oh yes!

THE DIRECTOR (to the playwright): You’ve noticed, my dear, that I talk nonsense, but I think that we ought to go straight to the point. Do you agree?

ROBERT FESNEL: Exactly.

THE DIRECTOR: Stop me immediately if you think we should go deeper.

ROBERT FESNEL: Very good.

THE DIRECTOR: I trust your intuition. (To the second actor) Yes?

SECOND ACTOR: The little cat is dead.

THE DIRECTOR: Yes, probably, yes. (Looking around for his assistant) Tell me… where is she? She’s gone…

ROBERT FESNEL: No, no, no, she’s here.

THE DIRECTOR (to his assistant): Ah yes. So, you mixed the lines for the women in with the ones for the men? Great. (To the second actor) Get out!

THIRD ACTOR: Never will we taste perfect joy. Our happiest successes are tainted with sorrow.

THE DIRECTOR: You’re right, human nature is strange. (To the playwright) We’re never satisfied, are we?

ROBERT FESNEL: Well, no.

THE DIRECTOR (whispering to the playwright): What do you say?

ROBERT FESNEL (whispering in the director’s ear): No.

THE DIRECTOR (to the third actor): That’s what I was telling you, something’s still missing. Get out!

ROBERT FESNEL: Something classic?

THE DIRECTOR: Ah, yes, yes, I prefer to rely on old, familiar values. (To the fourth actor) Ah! We’re listening.

FOURTH ACTOR (mumbling unintelligibly): He lost, lost… julibattry.

ROBERT FESNEL: That’s classic?

THE DIRECTOR: No, no, it’s a line I wrote myself. Inspiration has the merit of being unique. (To the fourth actor) Can you speak up, my friend?

FOURTH ACTOR: He lost Julie battery. 

THE DIRECTOR: Ah, bravo!

ROBERT FESNEL: It should be "Julie’s battery."

THE DIRECTOR: Yes, Julie’s battery. You know your grammar perfectly. (Whispering) But tell me, the actor? The actor?

ROBERT FESNEL (whispering in the director’s ear): No.

THE DIRECTOR (to the fourth actor): Get out! And, uh, try to find it! The battery!

ROBERT FESNEL (laughing): Ah!

FIFTH ACTOR: I’m here to read the water meter.

ROBERT FESNEL (to the director): Is that one of your lines?

THE DIRECTOR: No. No, no, and I’m sorry that it isn’t for that matter, it’s got an admirable simplicity to it. (To the fifth actor) Uh, that’s your line?

FIFTH ACTOR: Uh, yes.

THE DIRECTOR: Draw another.

ROBERT FESNEL: Go on!

FIFTH ACTOR (reading aloud): The long lamentations of the violins of autumn lull my heart with a monotone languor. (Addressing the director) Where are the water meters?

THE DIRECTOR (whispering to the playwright): Ah, he’s good, isn’t he? Eh?

ROBERT FESNEL: Yes!

FIFTH ACTOR: Sirs, can you please tell me where the water meters are?

THE DIRECTOR: Okay, we get it! This is… this is… (to the fifth actor) Come closer, come closer!

FIFTH ACTOR: Is that poem Verlaine?

THE DIRECTOR: It’s an announcement of landing, of the longest day, of resistance.

ROBERET FESNEL: Yes, it’s Verlaine.

FIFTH ACTOR: I’m sorry, sirs, to keep bothering you about the water meter, but I really don’t have a lot of time to mess around.

THE DIRECTOR (thumping his fist on the table in anger): Ah! (Taking his face in his hands) Oh! (Looking around for his assistant) Uh, where is she? So we can show sir where the meters are?

FIFTH ACTOR (waving at the assistant and then sitting down on the corner of the table): You must not know me. I’ve mainly been in the theatre in England.

THE DIRECTOR (stunned): In England! That’s great! England’s great! Come here!


Description en français

Localisation dans le film : 0.59.11 – 01.02.30

Langue de la citation/référence dans le film : français

Le dramaturge Robert Fesnel est au théâtre où, avec le metteur en scène, il va auditionner des acteurs pour le rôle de « l’homme qui ne joue pas » dans sa nouvelle pièce de théâtre. Tous les acteurs ont l’instruction de tirer un bout de papier d’un panier, monter sur scène, lire la phrase écrite sur le papier devant le dramaturge et le metteur en scène, puis sortir. Le premier acteur choisit un papier, regarde ce qui est écrit dessus, et monte sur scène.

PREMIER ACTEUR : Être ou ne pas être, c’est...

LE METTEUR EN SCÈNE : Non, mais ce n’est plus du tout une question à l’ordre du jour, mon cher. La question maintenant c’est avoir ou ne pas avoir. Sortez !

ROBERT FESNEL : Ah oui !

LE METTEUR EN SCÈNE (au dramaturge) : Vous avez remarqué mon cher, je dis n’importe quoi mais je pense que nous devons aller directement à l’essentiel. Vous êtes d’accord ?

ROBERT FESNEL : Tout à fait.

LE METTEUR EN SCÈNE : Vous m’arrêtez immédiatement si vous pensez qu’il faut creuser.

ROBERT FESNEL : Très bien.

LE METTEUR EN SCÈNE : Je me fie à votre intuition. (Au deuxième acteur) Oui ?

DEUXIÈME ACTEUR : Le petit chat est mort.

LE METTEUR EN SCÈNE : Oui, probablement, oui. (Cherchant son assistante) Dites-moi… Où elle est ? Elle est partie…

ROBERT FESNEL : Non, non, non, elle est là.

LE METTEUR EN SCÈNE (à son assistante) : Ah oui. Bon, alors vous avez mélangé le texte pour les femmes avec ceux des hommes ? Bien. (Au deuxième acteur) Sortez !

TROISIÈME ACTEUR : Jamais nous ne goûtons de parfaite allégresse. Nos plus heureux succès sont mêlés de tristesse.

LE METTEUR EN SCÈNE : Vous avez raison, la nature humaine est étrange. (Au dramaturge) Nous ne sommes jamais satisfaits, n’est-ce pas ?

ROBERT FESNEL : Ben non.

LE METTEUR EN SCÈNE (à voix basse au dramaturge) : Qu’en dîtes-vous ?

ROBERT FESNEL (à voix basse au metteur en scène) : Non.

LE METTEUR EN SCÈNE (au troisième acteur) : C’est ce que je vous disais, il manque toujours quelque chose. Sortez !

ROBERT FESNEL : Que du classique ?

LE METTEUR EN SCÈNE : Ah oui, oui, je préfère rester sur des valeurs sûres. (Au quatrième acteur) Ah ! Nous vous écoutons.

QUATRIÈME ACTEUR (marmonnant de façon inintelligible) : Il a perdu le, le, la pilalili.

ROBERT FESNEL : C’est du classique ?

LE METTEUR EN SCÈNE : Non, non, c’est une phrase que j’ai écrite moi-même. L’inspiration… ça a le mérite d’être unique. (Au quatrième acteur) Vous pouvez articuler, mon ami ?

QUATRIÈME ACTEUR : Il a perdu la pile à Julie.

LE METTEUR EN SCÈNE : Ah bravo !

ROBERT FESNEL : De Julie.

LE METTEUR EN SCÈNE : De Julie, vous connaissez parfaitement votre grammaire. (Chuchotant) Mais, dites-moi, l’acteur ? L’acteur ?

ROBERT FESNEL (à voix basse au metteur en scène) : Non.

LE METTEUR EN SCÈNE (au quatrième acteur) : Sortez ! Et, euh, essayez de la retrouver ! La pile !

ROBERT FESNEL (riant) : Ah !

CINQUIÈME ACTEUR : Je viens relever les compteurs d’eau.

ROBERT FESNEL (au metteur en scène) : C’est un de vos textes ?

LE METTEUR EN SCÈNE : Non. Non, non, je le regrette d’ailleurs, c’est d’une admirable simplicité. (Au cinquième acteur) Euh, c’est votre phrase ?

CINQUIÈME ACTEUR : Euh, oui.

LE METTEUR EN SCÈNE : Tirez-en une autre.

ROBERT FESNEL : Allez !

CINQUIÈME ACTEUR (lisant à haute voix) : Les sanglots longs des violons de l’automne bercent mon cœur d’une langueur monotone. (S’adressant au metteur en scène) Et où sont les compteurs à eau ?

LE METTEUR EN SCÈNE (à voix basse au dramaturge) : Ah, il est juste, non ? Hein ?

ROBERT FESNEL : Oui !

CINQUIÈME ACTEUR : Messieurs, pouvez-vous me dire où se trouvent les compteurs s’il vous plaît ?

LE METTEUR EN SCÈNE : Ah, ben, on y croit ! C’est… C’est… (Au cinquième acteur) Approchez, approchez !

CINQUIÈME ACTEUR : Le poème, c’est de Verlaine ?

LE METTEUR EN SCÈNE : Enfin, c’est l’annonce du débarquement, le jour le plus long, la résistance.

ROBERT FESNEL : Oui, de Verlaine.

CINQUIÈME ACTEUR : Excusez-moi, messieurs, de vous déranger avec mon histoire de compteurs mais là j’ai vraiment pas beaucoup de temps pour m’amuser.

LE RÉALISATEUR (frappant du poing sur la table en colère) : Ah ! (Il se prend la tête à deux mains) Oh ! (Cherchant son assistante) Mais euh, où est-elle ? Alors on peut pas montrer à monsieur où sont les compteurs ?

CINQUIÈME ACTEUR (il salue l’assistante d’un signe de la main et puis s’assied sur un coin de la table) : Vous me connaissez sans doute pas. J’ai surtout fait du théâtre en Angleterre.

LE METTEUR EN SCÈNE (étonné) : En Angleterre ! C’est bien ça ! C’est bien l’Angleterre ! Venez !

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